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L’hyperthyroïdie chez le chat

Pour fonctionner correctement et harmonieusement, l’organisme a besoin de fabriquer des hormones grâce à son système endocrinien. Les hormones sont de petites molécules chimiques fabriquées par un organe et agissant sur un autre organe : elles ont un rôle de messager et de régulateur du métabolisme.

 

Parmi ces messagers et régulateurs du métabolisme, on compte les hormones thyroïdiennes. Il en existe 2 sortes : la thyroxine (T4) et la triiodothyronine (T3). Toutes deux sont produites à partir d’iode et de tyrosine (un acide aminé) par une petite glande localisée au niveau du cou, la thyroïde.

 

Les hormones thyroïdiennes sont indispensables à l’organisme. Elles interviennent notamment dans le développement et la croissance, le fonctionnement du système nerveux ou encore la régulation du rythme cardiaque et de la pression artérielle…

Des dérèglements de cette glande thyroïde peuvent survenir. Cette dernière peut, par exemple, se mettre à fabriquer les hormones thyroïdiennes de façon excessive : on parle alors d’hyperthyroïdie.

Cette affection étant relativement fréquente chez le chat, nous avons décidé de traiter, dans cet article, de l’hyperthyroïdie féline.

Les causes d’hyperthyroïdie féline

Ce dérèglement est, le plus fréquemment, lié à une hyperplasie (augmentation anormale de taille) non tumorale de la thyroïde ou à une tumeur bénigne de la glande thyroïde (on parle alors d’adénome thyroïdien).

Moins fréquemment, des tumeurs malignes peuvent se développer (on parle alors d’adénocarcinomes).

Enfin, dans certaines situations beaucoup plus rares, une glande thyroïde dite « ectopique » (c’est-à-dire de localisation anormale) située au niveau thoracique et non au niveau du cou, va se dérégler et être à l’origine d’une hyperthyroïdie. Cette remarque est importante car la prise en charge thérapeutique de ce type d’hyperthyroïdie devra être adaptée à ce cas particulier (voir plus bas).

Ces différents types d’anomalies vont avoir pour conséquence un excès de production d’hormones thyroïdiennes qui va engendrer différents symptômes.

Les symptômes d’une hyperthyroïdie féline

Ce sont généralement les chats plutôt âgés (> 8-10 ans) qui souffrent d’hyperthyroïdie. Il ne faut néanmoins pas écarter formellement cette maladie sur des chats plus jeunes si les signes cliniques correspondent.

Les hormones thyroïdiennes ayant des rôles très divers au sein de l’organisme, les signes cliniques sont multiples et variés.

Toutefois, il faut retenir que l’hyperthyroïdie engendre très souvent une hypertension artérielle et que cette hypertension peut elle-même générer un très grand nombre de complications secondaires à divers niveaux :

  • Oculaire : perte de vision brutale, hématome dans l’œil…
  • Rénal : lésion du filtre rénal et apparition d’un dysfonctionnement rénal appelé Insuffisance rénale
  • Cardiaque : le muscle cardiaque va “gonfler” (on parle de cardiomyopathie hypertrophique) facilitant la formation de caillots sanguins, l’apparition de troubles du rythme cardiaque et le développement d’une insuffisance cardiaque
  • Cérébral : possible hypertension cérébrale ou apparition d’un AVC (Accident Vasculaire Cérébral)

Les symptômes découlant de l’hypertension artérielle ainsi que d’autres symptômes présents lors d’hyperthyroïdie sont rencontrés à une fréquence plus ou moins importante.

Les symptômes les plus fréquents sont

  • Polyuro-polydipsie (augmentation du volume des urines émises et de la prise de boisson)
  • Appétit parfois augmenté (polyphagie)
  • Amaigrissement
  • Troubles digestifs chroniques (vomissements ou diarrhée chroniques)
  • Mauvais état cutané (poils piqués, bourres de poils…)

Les symptômes moins fréquents

  • Appétit difficile (souvent lié à la complication d’insuffisance rénale)
  • Changement de comportement (recherche des zones fraîches, irritabilité, agressivité,…)
  • Cécité brutale (perte de la vue)
  • Syncope (liée aux complications cardiaques)
  • Troubles neurologiques (hypovigilance, perte d’équilibre, paralysie brutale des membres arrières ou d’un membre avant,…)
  • Symptômes respiratoires : détresse brutale (lors de thromboembolie pulmonaire : une ou plusieurs artères pulmonaires sont obstruées, le plus souvent à cause d’un caillot sanguin)

Comment diagnostiquer une hyperthyroïdie ?

La démarche diagnostique doit se faire en deux, voire trois étapes.

 

Confirmer l’hyperthyroïdie féline

 

Lors de suspicion clinique d’hyperthyroïdie, le vétérinaire va commencer par réaliser une prise de sang pour faire procéder à un dosage des hormones thyroïdiennes.

 

Rechercher d’éventuelles complications rencontrées lors d’hyperthyroïdie

 

Une fois le diagnostic posé, des complications potentielles pourront être recherchées afin de les prendre en charge ou de les prévenir, et d’ajuster au mieux la prise en charge thérapeutique.

Pour cela, il est recommandé de mesurer la pression artérielle, d’évaluer d’éventuelles répercussions cardiaques par une échocardiographie, et de rechercher un dysfonctionnement rénal par des analyses urinaires et sanguines. Des explorations complémentaires seront à envisager en fonction des signes cliniques rencontrés (imagerie du cerveau par scanner ou IRM, échographie abdominale, radiographies thoraciques…).

Éventuellement, localiser le site d’hyperthyroïdie et en connaître la nature histologique

Lorsqu’une prise en charge chirurgicale est envisagée, il peut être nécessaire de savoir où se situe précisément la tumeur / l’hyperplasie thyroïdienne ou s’il existe une tumeur thyroïdienne ectopique (au niveau du thorax) : en effet, le vétérinaire doit savoir où opérer. Pour cela, des examens d’imagerie combinés (scanner + scintigraphie) sont recommandés.

Traitement de l’hyperthyroïdie

Le traitement doit permettre de gérer, à la fois, l’hyperthyroïdie et ses complications éventuelles.

En première intention, un traitement médical de l’hyperthyroïdie est mis en place.

Plusieurs médicaments existent en comprimés ou en liquide à faire avaler.
Le traitement est quotidien. Il permet d’inhiber la fabrication d’hormones thyroïdiennes en excès : il n’a aucun rôle sur la cause « stricto-sensu » (c'est-à-dire qu’il ne détruit pas la tumeur ou l’hyperplasie). Si le traitement par médicament est choisi comme option thérapeutique sur le long terme, il sera ensuite maintenu à vie.

Votre vétérinaire devra contrôler régulièrement votre animal pour voir si le médicament utilisé est efficace, ajuster le dosage administré si nécessaire et surveiller l’apparition d’éventuels effets secondaires. Ainsi, la fonction rénale et la pression artérielle devront être surveillées régulièrement et les anomalies mises en évidence prises en charge si besoin.

En deuxième intention, plusieurs options thérapeutiques sont possibles pour assurer le traitement sur le long terme :

  • Maintenir un traitement médical à vie
  • Envisager un traitement définitif à partir d’iodothérapie : le principe est d’administrer de l’iode radioactif afin de détruire totalement la tumeur thyroïdienne
  • Envisager un traitement définitif chirurgical : une intervention chirurgicale permet le retrait de la tumeur thyroïdienne.

Les deux dernières options nécessitent une équipe spécialisée avec un plateau technique et une structure adaptés.

Suivi et Pronostic

Le traitement de référence reste, à ce jour, l’iodothérapie mais l’accessibilité limitée aux structures adaptées et le coût élevé du traitement rendent cette prise en charge beaucoup moins fréquente.
Le traitement médical, une fois mis en place, doit être maintenu à vie.

Quelle que soit la décision thérapeutique, un suivi étroit de l’animal sur le plan clinique et biologique (prises de sang et analyses d’urines régulières, mesure de la pression artérielle…) est indispensable de façon, notamment, à adapter les posologies des médicaments.

Le pronostic de l’hyperthyroïdie dépend beaucoup de la présence ou non de complications éventuelles.

§

L’hyperthyroïdie est une affection relativement fréquente mais parfois difficile à déceler du fait de la variabilité des symptômes qu’elle peut générer et de leur apparition de façon parfois très progressive.
N’hésitez pas à évoquer avec votre vétérinaire tout changement de comportement de votre chat âgé (augmentation de la prise de boisson ou des mictions, excitabilité, augmentation de l’appétit…), ou tout trouble, même s’il semble au départ sans gravité évidente (perte progressive de poids, diarrhée ou vomissements chroniques, poil en moins bon état…).

Si une hyperthyroïdie est diagnostiquée, vous pourrez réfléchir avec lui au choix thérapeutique le plus adapté en fonction du cas précis de votre chat (âge, caractère, présence de maladies concomitantes ou de complications de l’hyperthyroïdie…) et des avantages et inconvénients de chacune des options thérapeutiques.

 

Auteur : Dr. Jérôme Seguela
Clinique vétérinaire de Parme
www.vetoparme.com
Illustratrice : Dr. Caroline Allard
Copyright ©Vetup

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